Un caractère de cochon, c'est que tout le monde savait de moi, Yang Zhen Rong, depuis toujours. Pas que je sois toujours désagréable, du moins je pense pas l'être, juste que je suis très exigeant et pointilleux sur plein de choses. Vous voyez, je suis impliqué dans la mafia et c'est pas le genre business où on peut se permettre de faire n'importe quoi, alors quand l'un de mes gars fait une connerie, je le remets en place. Mais sinon je suis pour tout dire assez sympa, quand on respecte les règles que je mets en place, car dans mon petit monde rien n'est laissé au hasard. Être de la mafia ça ne veut pas dire pour autant ressembler à un plouc ou parler comme un charretier, surtout que ça déshonorerait le clan si j'agissais ainsi. J'ai une soeur plus jeune que moi que je protège comme je le peux de la souillure de cette ville. Nous sommes proches et je sais que même si elle ne comprend pas forcément pourquoi je la protège autant, elle sait qu'elle peut compter sur moi. Ce n'est que mon travail de grand frère de veiller sur elle et de la protéger du monde pourri dans lequel on vit tous les deux. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle ne sait rien et ne doit rien savoir mes activités peu recommandables, pour elle je ne suis qu'un homme d'affaire toujours entouré de gardes du corps.

Lorsque j'étais petit j'ai toujours vu mon père en héros et la ville dans laquelle on vivait comme le paradis sur terre. Pas parce que ma famille était riche à millions ou que la ville soit particulièrement belle, juste parce que tout allait pour le mieux. Je vivais une vie de petit garçon normal dans une famille normale. Avec ma sœur nous allions dans la même école et déjà à l'époque je jouais le rôle de garde du corps envers elle. C'est alors qu'un jour la police était chez nous quand notre mère nous a ramené de l'école, j'avais douze ans. Je crois que jamais je n'oublierais le sac noir où était enfermé le corps de mon père. Des sacs comme ça j'en avais déjà vu à la TV et je savais ce que ça voulait dire. Mon premier réflexe a été de cacher cette vue à ma petite sœur en la serrant contre moi.

Après ça, rien n'a jamais été pareil. La police a fouillé dans les affaires de mon père et découvert quel rôle il avait joué dans l'instauration et le déroulement de trafic de drogues et autres armes dans la ville. Quand j'ai compris l'homme qu'était réellement mon père en ayant entendu une discussion entre ma mère et l'un des "amis" de mon père, elle m'a fait promettre de ne jamais rien dire à Lina.

Nous avons tout perdu, notre père, notre maison, notre train de vie confortable et surtout notre joie de vivre. Ce n'était pas facile de vivre avec une mère qui travaille le double du temps habituel pour joindre les deux bouts tout en continuant d'élever ses enfants. Je me suis retrouvé à prendre de plus en plus soin de ma sœur jusqu'au jour où ma mère fut trop fatiguée et malade pour travailler. J'avais plusieurs petits boulots à l'époque, pour l'épauler financièrement mais jamais mon seul salaire n'aurait couvert nos frais.

J'ai alors revu l'ami de mon père qui était là ce soit là, dans la cuisine a expliqué à ma mère que le meurtre de mon père avait été nécessaire, tout en lui donnant une bien maigre enveloppe de compensation. Pour tout le monde, j'étais manutentionnaire dans une société qui exportait des denrées humanitaires pour des pays pauvres mais en réalité, je venais d'entrer dans la même organisation criminelle que mon père et menaçait des honnêtes gens pour vivre. Si bien qu'aujourd'hui, après des années au sein de cette compagnie en apparence si respectable, mais seulement en apparence, j'occupe la place qu'occupait jadis mon père. Mais il n'y a qu'une règle que je dois de respecter, jamais ma sœur ne doit savoir ce qui occupe mes journées.