Imaginez-vous, cet homme riche, froid, classe. Cet homme qui marche vers vous alors que vous vous sentez écrasé par son aura presque meurtrière. Jamais il ne décrochera un sourire, jamais il ne vous parlera s’il n’en trouve pas l’utilité, si vous n’êtes qu’un insecte à ses yeux. Il est trop parfait pour vous, trop propre sur lui, toujours à la pointe de la mode, sans pour autant aller dans l’extravagance et porte toujours des gants pour être sûr de ne jamais se salir les mains. On pourrait le prendre pour un membre de la mafia, un tueur en série qui sait manier tout type d’armes et porte encore des taches de sang séché sur ses mains de cuir noir.
Cet homme aime l’ordre, il ne vous regardera toujours de haut. Il est supérieur à vous, à tout le monde, même à Dieu s’il le souhaitait. Il est tout vous n’êtes rien. Voilà l’impression que vous avez lorsqu’il daigne poser son regard sur votre pauvre personne.
Mais c’est aussi cet être torturé secrètement, qui, au fond de son lit se prend la tête pour rester sain mentalement parlant. Il a vu des choses, il est traumatisé, c’est ce qui pourrait expliquer son comportement. Il se parle à lui-même, il murmure des choses, mais personne ne le sait. Il a peur, peur de lui-même, peur d’être rongé par quelque chose qu’il ne maitrise plus.
Imaginez-vous bien ce type d’homme, qu’on voit de plus en plus souvent. Visualisez-le bien car il n’est qu’imagination.

Même pour Han Bao.
 

  Shanghai. Cette grande ville dans laquelle Han Bao a passé dix ans de son existence avant de déménager dans cette autre ville qu’est Hong Kong. Ce changement si soudain avait été provoqué par un divorce. Ses parents, aussi attentionné soient-ils envers leur enfant unique, ne pouvaient plus vivre ensemble et avaient donc pris la décision de se séparer. Loin.
Han Bao vivait donc chez son père et pouvait voir sa mère, toujours à Shanghai, un week-end sur deux. Et comme le veut le cliché, à cause de cette rupture, ce changement de vie, ce jeune garçon, haut de ses dix ans, changea du jour au lendemain. Il se renfermait sur lui-même, ne parlait plus, ne souriait plus. On aurait pu penser qu’il sortait d’un de ces dramas où les parents riches négligeaient l’existence de leur enfant, ou encore un scénario où ils le frappaient mais il n’en était rien. Le père comme la mère étaient très amoureux de leur petit, ils voulaient cet enfant et le gâtaient comme ça ne devrait pas être permis. Bao avait tout ce qu’il voulait, pouvait faire tout ce qu’il désirait et justement c’était ce qui l’a changé.

Il passait la plupart de son temps à lire, regarder des films et dessiner. Cependant le dessin n’était plus assez suffisant pour laisser son imagination s’échapper. Il perdait pied avec la réalité et voulait vivre une histoire qui sortait de l’ordinaire. C’est donc à dix ans qu’il changea de personnalité. Il se créa celle qu’il possède encore maintenant de toutes pièces, allant jusqu’à choisir ses vêtements en fonction de ses personnages préférés. Au départ ce n’était qu’un jeu pour se distraire mais plus il rentrait dans le personnage et plus il avait du mal à en sortir. Il s’éloignait de sa mère, de son père. C’était comme s’il vivait seul.
Lorsqu’il eut l’âge d’emménager seul, cette nouvelle personnalité l’a complètement mangé. C’était comme si l’ancien Han Bao, celui qui avait encore ses pieds sur terre, était mort. Il ne donnait plus de nouvelle à ses parents, ni même à ses amis. C’était un solitaire qui laissait très peu de personnes envahir son espace vital. Il avait tout pour être entouré d’amis, avoir un bel avenir, une belle famille. Il aurait pu voir ce grand appartement spacieux dans lequel il aurait pu être avec sa femme, ses enfants mais non. Il avait tout supprimé, tout abandonné, dès l’âge de dix ans pour une vie qui est fausse.
Maintenant il met les mains dans l’argent sale, il joue un rôle dont il maitrise à la perfection le personnage. Grâce à l’argent de ses parents, il a pu ouvrir son petit business. Quelque chose de secret et flou. Certaines personnes disent y voir des prostituées, d’autres parlent de drogues ou encore mentionnent une boite de nuit. Ce sont ces derniers qui sont les plus proches de la vérité.